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L’Homme qui rit est un immense texte où chaque description, chaque interjection est une force de narration hors du commun. Ce roman écrit en 1869 est un drame romantique comme le définit lui-même Victor Hugo, c’est-à-dire « une peinture totale de la nature ». S’y mêlent donc, selon ses mots, « le grotesque et le sublime » de la nature humaine.
Les images de Victor Hugo frappent l’imagination et font naître des évocations : la scène magnifique de la tempête au début du roman, la vie provocante des riches lords, les représentations foraines et tant d’autres sont des exemples d’incroyables descriptions, d’une force d’écriture inégalable.
Ce sont autant d’images qui ont suscité mon désir de monter ce texte.
L’écriture romanesque et épique me suggère des évidences dramaturgiques, des situations dramatiques et des propositions scéniques visuelles. Les personnages, grâce à leur description précise, peuvent alors être représentés sur un plateau de théâtre.
L’Homme qui rit est un mélodrame.
En ce sens, le roman répond à ce genre théâtral populaire. Au delà de l’émotion des situations tragiques, les ingrédients épiques des lieux et catastrophes sont présents : incendies, naufrages, tempêtes de neige… Mais il serait très réducteur de résumer le livre avec les seuls ingrédients du mélodrame et de sa sensiblerie vertueuse, du combat déloyal des méchants contre les gentils, des riches contre les pauvres même si les ressorts de ce genre sont bien présents : le peuple, la misère, le martyre, la cruauté, l’aristocratie, le rire et la fatalité...
L’Homme qui rit est un monstre mais où se situe la monstruosité ?
Telle est la question de Victor Hugo dans ce roman.
Si le fond politique est indispensable dans les histoires que j’aime raconter au théâtre, j’aime très particulièrement pouvoir traverser ces grandes histoires, finalement très shakespeariennes, avec humour et décalages scéniques.
L’Homme qui rit est un conte.
Et pour celà, la machinerie de théâtre et ses changements de décors (trompe-l’oeil, effets spéciaux, changements à vue, poulies et ficelles de toutes tailles et de toutes perspectives) et sept comédiens pour interpréter une cinquantaine de personnages emmèneront le spectateur dans un monde à la fois fantaisiste mais aussi d’une méchanceté et d’un humour sans égal.
« Le théâtre est un point d’optique. Tout ce qui existe dans ce monde, dans l’Histoire, dans l’Homme, tout doit et peut s’y réfléchir, mais sous la baguette de l’art. » Victor Hugo
Claire Dancoisne
27 juin 2018