accueil > Entretien avec Rémi De Vos
Kadoc c’est une fois encore un petit monde de l’entreprise d’aujourd’hui que vous décrivez… Qu’est-ce qui fait de ce monde une source d’inspiration ?
Avant l’écriture, qui est aussi un travail bien sûr, mais solitaire, j’ai exercé toutes sortes de métiers. Comme je n’avais pas fait d’études, c’était généralement des petits boulots que j’abandonnais pour passer à d’autres. Comme mon activité n’avait la plupart du temps aucun intérêt, j’observais les comportements des uns et des autres, les rapports hiérarchiques…
Imaginer des personnes qui n’ont rien à se dire forcées de passer une grande partie de la journée ensemble, et cela parfois durant des années, s’apparente pour moi à un cauchemar et me provoque des angoisses dont seule l’écriture va me délivrer.
Ce sont des couples, trois hommes, trois femmes… Tous deviennent plus ou moins fous… Mais qu’est-ce qui les rend dingues ?
C’est aussi lié à ma façon de voir les choses. Je ne peux rien écrire qui ne soit de l’ordre du ressenti et il se trouve que je ressens profondément ceci : la violence qui s’exerce sur le lieu de travail et qui peut difficilement être évacuée va l’être dans le cadre intime. C’est toujours la lutte entre l’instinct social et les pulsions asociales, et inversement. Dans le cas de Kadoc, l’envie de réussir, la peur de l’échec, l’insécurité du travail pousse les uns et les autres à des comportements extrêmes. Evidemment, c’est pire dans la réalité.
Kadoc, c’est d’abord le dossier Karflex… C’est le point de départ ? Le point d’arrivée ?
C’est le dossier impossible à traiter, le dossier de trop, le point de rupture. Le viatique pour passer de l’autre côté.
Qu’attendez-vous de Jean-Michel Ribes ? Comment l’accompagnerez-vous dans la mise en scène de Kadoc ? Qu’en fera-t-il ?
J’attends de Jean-Michel Ribes beaucoup de choses et bien plus encore... J’ai écrit une vingtaine de pièces de théâtre, la plupart pour des metteurs en scène qui me demandaient de leur écrire quelque chose. Je n’ai pas souvenir que l’un d’entre eux me propose d’assister à une répétition et encore moins de l’accompagner dans sa mise en scène. Je découvre toujours le spectacle à la première avec le public. Il eut été certainement préférable, dans certains cas, que j’assiste à une répétition ou deux. Ce que j’écris n’est pas toujours clair… Je prendrai la place que Jean-Michel voudra bien m’accorder.
Voyez-vous votre pièce comme un thriller ? Une comédie ? Une satire sociale ? Une folie ? Que dit-elle d’aujourd’hui ?
Une comédie que j’espère drôle afin de rire ensemble de notre folie. Quelque chose comme ça.
Propos recueillis par Pierre Notte