Que signifie pour toi ton arrivée à l'École du Nord ?
Intégrer le studio 8 c'est d'abord avoir la chance d'accomplir un rêve d'adolescent: créer, avoir le temps et les moyens de faire germer mes idées de théâtre, retrouver l'enfant qui commençait le théâtre à dix ans. C'est aussi surtout réaliser que je vais pouvoir créer en collectif pendant trois ans : tenter, me tromper, m'égarer, trouver et continuer sans cesse de chercher en soi et ensemble. J'arrive avec des idées plein la tête qui sauront se frotter à d'autres, se bousculer et évoluer. L'école selon moi est le meilleur endroit pour l'artiste, une résidence d'exception pour faire éclore nos projets les plus intimes et les plus fous, les partager avec les comédien.nes, les encadrant.e.s, les professionnel.le.s et le public avec toute l'exigence du théâtre public.
Le spectacle que tu as vu et qui a marqué ton regard de spectateur ?
"Saïgon" de Caroline Guiela Nguyen. J'ai attendu d'avoir vingt ans pour voir sur une scène de théâtre des corps et des histoires qui m'entouraient pourtant depuis ma naissance. Au delà du choc esthétique et la force de son récit, cette oeuvre m'a permis de rencontrer des artistes asio-descendant.e.s et de me relier à mon histoire familiale par le théâtre. Ce spectacle a surtout eu le pouvoir de légitimer mon désir d’écrire, de raconter ce que je croyais alors inintéressant car trop petit, trop intime, trop « communautaire » face au poids du récit universel.
Le texte qui t'as le plus marqué ?
"Des espaces autres" de Michel Foucault sur les "hétérotopies"
"La nuit juste avant les forêts" de Bernard-Marie Koltès
La musique que tu mets pour lancer ta journée ?
"Promised Land" de Joe Smooth