accueil > Note d'intention
Christiane Jatahy réinvente à chaque projet des dispositifs scéniques inédits qui travaillent la question des frontières, qu’elles soient intimes, formelles ou géographiques.
Le tissage entre l’actualité brésilienne et la fable de Dogville de Lars von Trier augure d’un terrain de jeu fertile pour cette artiste que Natacha Koutchoumov et Denis Maillefer, les codirecteurs de la Comédie de Genève suivent depuis trois saisons.
Quelle est donc cette vague d’intolérance dans laquelle le monde baigne actuellement ?
À quel moment la haine de son prochain germe-t-elle dans une société ?
À quel moment bascule-t-on ?
Quand et pourquoi notre semblable est-il vu comme une menace et puni pour cela ?
À travers une adaptation libre du film, Christiane Jatahy entend diffracter le point de vue du spectateur en de multiples centres d’attention, en liant théâtre et cinéma pour livrer l’essence de ces deux arts. Dans l’ombre et la lumière, tout sera visible : les acteurs filmés et filmant, les scènes, la musique, le montage du film - tout ne sera que fiction.
Une fiction qui raconte l’histoire d’une femme brésilienne. Une femme qui s’auto-exile. Elle fuit le fascisme et sans s’en rendre compte se jette dans ses bras, comme un être qui avance, résolu, vers son destin tragique. Cela pourrait se passer n’importe où dans le monde. Mais c’est ici et maintenant. Un lieu fictif qui se rapproche terriblement de la réalité.
Est-il encore temps d’arrêter ? Peut-on encore changer ? C’est la question que pose Christiane Jatahy, spectacle après spectacle, de façon lancinante, dans ses formes toujours renouvelées.