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Note d'intention

En relisant Dom Juan, j’ai réalisé que chaque scène qui compose cette pièce représente quelque chose contre lequel je lutte depuis toujours. Dom Juan est tour à tour classiste, sexiste, glottophobe, dominant… De plus, son anticléricalisme affirmé comme une vérité absolue ne peut qu’entrer en résonance avec notre France contemporaine.

 

Dès lors, j’ai très envie de monter ce classique de Molière, de mettre mes propres principes de vie à l’épreuve de ce texte sublime du grand répertoire et ainsi continuer mon travail de revisitation des grandes figures littéraires, historiques, ou mythologiques afin d’écouter ce qu’elles ont encore à nous apprendre. Comme ce fut le cas avec Peer Gynt, Hamlet, Roméo, Juliette, Lucrèce Borgia, Orphée, Thirésias…

 

Autrement dit, m'emparer de cette pièce de Dom Juan aujourd’hui revient à me poser clairement la question sur un plateau : faut-il déboulonner les statues dont les histoires nous encombrent au XXIème siècle ? Question à laquelle il n’est pas aisé de répondre. Faut-il réécrire le répertoire pour le public de ce début de siècle, ou faut-il simplement décider de ne plus le monter ?

 

Mon parti pris est autre, il s’agit de le mettre en scène, de le contextualiser, d’en donner une lecture critique, peut-être in fine pour mieux symboliquement les déboulonner.

 

Il s’agira donc d’une lecture politique de cette œuvre, mais qui ne taira pas pour autant les qualités de sa narration ni le fait que ce salaud puisse être un héros.

 

Ce type de figure, dont la stature nourrit encore notre imaginaire, mérite d’être traité avec toute la complexité qu’elle mérite. Il eût été trop facile de confier ce rôle principal à un acteur représentatif de toutes les dominations contemporaines, de tout ce qui est détestable, aujourd’hui. J’ai donc plutôt décidé de confier ce rôle à Radouan Leflahi, qui avec Peer Gynt aura su prouver qu’on peut être un vaurien admirable.

 

Il évoluera dans un décor entièrement constitué de statues gigantesques comme un cimetière de statues déboulonnées, tombées de leur piédestal, de dieux oubliés, créatures fantastiques disparues, et des figures politiques aux idéologies détruites ou des personnages historiques dont on a oublié jusqu’au nom et parmi elles, une fameuse statue de commandeur.

David Bobée

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