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SUZANNE- On est chez-nous ici.
Long silence
VICTORIA- Pardon ? Tu penses que tu es chez toi ?
MARGOT- Tu n’as jamais été là pour ta mère et d’un
coup tu arrives, tu veux tout changer. Ici, on ne bouge
rien.
HANNAH- Tu prends des décisions sans nous prévenir.
VICTORIA- Je n’ai pas à vous rendre des comptes.
SUZANNE- Tu crois qu’elle est d’accord ta mère ?
VICTORIA- Je n’ai pas à me justifier, je vais la mettre
dans une maison avec des professionnels responsables
et qualifiés.
HANNAH- Mais nous on est là.
Victoria se met à rire.
VICTORIA- Vous ? Vous êtes qualifiées ?
SUZANNE- Oui, on est qualifiées.
VICTORIA- Tu es infirmière ?
SUZANNE- Non.
VICTORIA- Tu es médecin ?
SUZANNE- Non, mais je suis son amie.
VICTORIA- Son amie, ça ne suffit pas ! Le jour où tu
auras un cancer de la gorge, tu iras te faire soigner chez
ton amie ?
SUZANNE- Non, mais elle n’a pas de cancer.
VICTORIA- Allez maintenant c’est terminé ! Sortez
d’ici !
Les femmes ne bougent pas.
VICTORIA- Vous sortez d’ici !
Les femmes se mettent à rire.
VICTORIA- Sortez ! Allez au diable !
Les femmes rient de plus en plus fort
VICTORIA- Dégagez de là !
Suzanne se saisit du fauteuil de Rose pour l’emmener avec
elle.
Victoria se jette sur le fauteuil.
VICTORIA- Toi, tu laisses ma mère.
SUZANNE (tirant le fauteuil vers elle)- Non.
VICTORIA (tirant sur le fauteuil)- Tu laisses ma mère je te
dis !
SUZANNE (tirant le fauteuil vers elle)- Non, elle est à
nous !
VICTORIA (tirant sur le fauteuil)- Laisse-là !
SUZANNE (tirant le fauteuil vers elle)- Non !
VICTORIA (tirant sur le fauteuil)- Lâche ce fauteuil où je
te crève les yeux à coups de poignard !
SUZANNE (tirant le fauteuil vers elle)- Non !
VICTORIA- C’est ma mère elle est à moi ! Allez-vous en ! Dégagez vieilles sorcières ! Je ne veux plus jamais vous voir !
Suzanne finit par lâcher le fauteuil.
Long silence.
HANNAH- Bouffonne !
VICTORIA- Qu’est ce que tu as dis ?
MARGOT- Bourgeoise !
VICTORIA- Allez crever dehors !
SUZANNE- Boudin !
Les femmes sortent en riant.
Victoria s’effondre aux pieds de Rose assise sur le fauteuil.
Rose se met à pleurer.
L’air, l’odeur de la tourbe, de la mousse, l’argile, l’espace
infini